Forcément, être instructeur, ça bouffe du temps, du lever au coucher du soleil, très exactement. C'est pour cela que j'ai pris du retard dans mes montages vidéos, et dans mes publications. Rassurez-vous, après 500 heures de vol en tant qu'instructeur, la restriction est maintenant levée, et un nouveau changement de décor s'opère d'ores et déjà en coulisse ...
Par ailleurs, n'ayant pas vraiment d'attaches (conjugale, ou quelle qu'elle soit), je souhaite en profiter un maximum, que ce soit en faisant de l'instruction de nuit, de la découverte IFR (si jamais il y a des intéressés ;-)), ou encore, tout simplement, profiter de ma licence de pilote pour voyager à travers la France, accompagnés des vieux potes du lycée, voire même, de la promo. Ceux qui me connaissent un peu savent que j'ai toujours été opposé au concept du "garder la main en vol local". Un avion, c'est fait pour voyager, et je m'y tiens. Et en plus, j'avais promis à bon nombre de mes potes de les emmener au moins une fois. Effectivement, avec des potes dorénavant éparpillés au quatre coins de la France à cause des études supérieures, il n'y a pas 10.000 solutions, et le plus simple reste encore de prendre son avion sous le bras pour aller se voir, comme je l'avais fait pour la TGS à Toulouse.
Mais depuis début Juillet, pour une durée pour le moment limitée, j'ai eu la chance d'intégrer de nouveau l'ESMA, mais cette fois-ci en tant qu'instructeur, pour la dernière promotion de pilotes cadets chinois. C'est une toute nouvelle façon de faire de l'instruction de vol que je découvre à peu près en même temps que mes élèves avancent tellement l'environnement est complexe: plannings, temps de repos équipages, restrictions mécaniques (MEL/CDL), programmes spécifiques à la CAAC ... Je me souviens clairement que contrairement à beaucoup de ces concurrents, l'ESMA possède une documentation très dense et riche. Mais j'avoue redécouvrir cet aspect, maintenant qu'il faut que je tienne compte de tout ça à chaque vol, le tout sans oublier les objectifs pédagogiques. C'est vrai que comparé à l'aéroclub, on bosse "moins", compte tenu de l'encadrement strict, mais d'un autre côté, le boulot est plus intense vu que l'instructeur revêt un double rôle: d'un côté, il a la charge de la bonne conduite du vol malgré tout - ça, ça ne change pas -, mais il doit aussi être le plus performant possible pour être sûr que l'élève sera au niveau standard à la fin de chaque séance. D'un côté, l'élève progresse plus vite, c'est vrai, mais d'un autre côté, il y est contraint. Pour finir, il y a un dernier critère dont je ne soupçonnais pas l'existence avant d'avoir la charge de former des cadets étrangers. Force est de constater que l'anglais était déjà pour moi un gros challenge, mais quand les différences culturelles s'en mêlent, l'instruction prend un autre dimension, l'élève devant aussi avoir la bonne mentalité quand il s'installe à bord et comprendre son environnement et ce qu'il fait.
Sans vouloir choquer personne, pour moi, c'est ce qui fait toute la richesse du métier d'instructeur. La satisfaction que j'éprouve résulte exclusivement du fait de se dire que, probablement comme pour moi il y a environ 3 ans lorsque je suis arrivé à l'ESMA, mes élèves qui ne connaissaient rien au pilotage quand on me les a confié, sont aujourd'hui parfaitement capable de voler en solo, en se posant les bonnes questions, et en ayant assimilé les bases du pilotage. Dans 18 mois, ces cadets seront sur A320 ou sur Boeing 737NG, ou sur un autre airliner, et le fait de se dire que ces élèves pourraient bien être le pilote qui fait atterrir votre avion de ligne lors d'un voyage touristique en chine, par exemple, ça motive, et leur réussite est d'autant plus gratifiante.
Et puis, comme dans tout bouleau d'instructeur, à côté de nos travaux classique, il y a les extra. Je pensais que compte tenu de mon activité, il me serait difficile de pouvoir trouver un avion afin de me rendre au fly'in annuel de Passion Pilote. Comme l'an dernier, nous avions choisi de nous retrouver à Nevers, pour sa position centrale, et pour leur accueil toujours au top, avec une petite subtilité cette année: la date retenue pour l'événement était le samedi 28 septembre. Finalement, j'ai pu avoir un DA42 de l'ESMA à ma disposition pour m'y rendre, alors il ne m'a pas fallu longtemps pour trouver des GoPro pour filmer ce vol de 1h50 aller, 1h50 retour, dont je vous livre les images ci-dessous après 10 jours de travail sur le banc de montage:
L'édition 2015 du fly-in Passion Pilote a réuni 32 participants venus d'un peu partout en France et de la Suisse, grâce à 9 avions tous différents ! Du classique PA28 Archer, P2002JF, ou autres DR400 ou Cessna 152, au moins classique Cessna 177RG, Cirrus SR22, sans oublier notre DA42, et même un Piper J3 Cub, piloté par un de mes anciens padawan de l'aéroclub Paul Tissandier ! Cette année encore, rendez-vous exceptionnel, dont tout le monde est reparti avec une seule idée en tête: remettre ça pour l'an prochain, et pour ceux comme moi qui ont eu la chance d'avoir une glacière à portée de main, finir les restes de barbecue. On a hâte !
That's all folks, and Fly safe. :-)